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Études sur la coexistence chez le canola

La caractéristique principale du canola génétiquement modifié commercialisé mondialement est la tolérance à un herbicide1.

Le canola est apparenté à de nombreuses espèces sauvages se retrouvant dans les secteurs cultivés2.

Les gènes peuvent être dispersés par les graines de canola perdues avant ou pendant la moisson3 4 ou par le pollen qui peut être transporté sur de grandes distances5.

La coexistence du canola GM et non GM en Australie6

Depuis 1993, on utilise beaucoup le canola GM en Australie. Le Gene Technology Grains Comittee a eu le mandat de développer une série de principes et protocoles pour la coexistence des cultures GM et non GM.

Le premier problème rencontré fut la définition de canola « non GM ». Les pays ont différentes règles pour les présences adventices des traits GM dans le canola non GM.

En 2005, le gouvernement a alors instauré un seuil de présence adventice (PA) maximum à 0,9 % pour les livraisons de canola.

La coexistence existe sur la ferme et dans la chaîne d'approvisionnement permettant d'obtenir le seuil réglementaire de 0,9 %.

Les sources possibles de contamination à la ferme sont : l'achat de semences, le flux de gènes GM, la gestion des volontaires et l'hygiène générale sur la ferme.

Pour les semences

En Australie, le seuil maximum toléré de PA est de 0,5 %.

Pour le flux de gènes

La superficie des champs influence grandement le flux de gènes. Pour des champs entre 25 et 100 ha, les taux de croisements externes étaient faibles. Une moyenne de 0,009 % et un maximum de 0,07 %. Ces pourcentages seraient donc inférieurs au seuil de 0,9 % toléré.

La détection du pollen a été mesurée à une distance maximale du champ source GM soit 3 km, et la probabilité de trouver du pollen diminue avec la distance.

Le pollen tombe habituellement dans les premiers mètres autour de la plante.

Pour les graines

Les graines de canola sont très petites. Lors des semis et lors de la récolte, les équipements peuvent transporter beaucoup les graines de canola entre les champs. Afin de minimiser les risques de transfert, il est recommandé qu'entre l'ensemencement, l'andainage et la récolte, les machineries soient nettoyées si l'agriculteur passe d'un champ GM à un champ non GM.

Présence de volontaires

La présence de volontaires est un problème. Ces plants pourraient se régénérer l'année suivante à la suite d'une germination de graines enfouies dans le sol. En Australie, toutefois, la plupart des producteurs utilisent peu ou pas la culture sans labour (pratique aratoire antiérosive), donc l'enfouissement des graines est moins propice.

Coexistence entre les cultures GM et non GM dans l'Ouest canadien : les facteurs d'influence7

Au Canada, les fermiers ont beaucoup adopté le canola GM tolérant à l'herbicide Roundup. Les producteurs qui l'utilisent évaluent un certain nombre de bénéfices comme la simplicité du travail et le meilleur contrôle des mauvaises herbes.

Au moment de la commercialisation de ces cultures, aucun plan de coexistence n'était prévu ou implanté.

Les travaux démontrent qu'un flux de pollen entre le canola GM et non GM est possible. L'importance du flux de pollen dans une région comme l'Ouest canadien est lié à la biologie du canola, à l'écologie et aux conditions environnementales et agronomiques des terres où il est cultivé.

Les caractéristiques de l'espèce et les conditions agronomiques y interagissent pour créer des opportunités pour les mouvements de gènes d'une culture vers une autre.

Les conditions réunies pour le mouvement du transgène Roundup Ready (RR) dans l'Ouest canadien comprennent :

  • un très grand nombre d'acres de cultures GM RR et non GM dès le départ se côtoyaient;
  • une fréquence élevée de l'utilisation du canola dans les rotations de cultures;
  • une population de volontaires de canola;
  • le canola volontaire survit souvent à sa période de floraison;
  • le glyphosate est utilisé de façon extensive. Ceci provoque automatiquement une pression de sélection sur le trait pour la résistance au Roundup chez les volontaires. Les volontaires ont alors un avantage positif sur les volontaires non GM et pourraient se propager facilement dans la population de canola non GM;
  • les semences de canola « pedigree » passent par un système de production qui permet de maintenir la pureté variétale, mais non conçu pour prévenir le flux de gènes GM dans non-GM.

Les résultats des mouvements de transgène RR dans l'Ouest canadien montrent que la plus grande partie des volontaires de canola contient une proportion de volontaires GM. Les fermiers ne peuvent donc pas toujours être certains du statut de tolérance à l'herbicide des populations de canola volontaires.

Coexistence canola GM et non GM dans l'Ouest canadien : le flux de gène est-il vraiment en cause?8

Une étude publiée par des chercheurs de l'Université du Manitoba avait pour but d'analyser les lots de semences de canola « pedigree » pour savoir s'il contenait des traits de résistance à l'herbicide.

Les échantillons de trente-sept lots de semences certifiées de canola ont été semés dans un champ et lorsque le canola a atteint le stade de 2 à 4 feuilles, des herbicides ont été appliqués. Les plants de canola survivants furent dénombrés sur les trente-sept lots de semences :

  • quatorze avaient des taux de contamination supérieurs à 0,25 % et, par conséquent, échouent le contrôle de pureté de la certification de 99,75 %;
  • trois lots avaient des taux de résistance au glyphosate à des niveaux supérieurs à 2 %.

Les échantillonnages et analyses des lots de semences n'ont toutefois pas été répétés.

Cette contamination inattendue (même à 0,25 %) peut causer des problèmes aux producteurs qui pratiquent le semis direct et qui dépendent de l'herbicide glyphosate pour un contrôle des mauvaises herbes non sélectif à spectre large.

Des mesures pour faciliter la coexistence9

Les résultats d'études sur le flux de gènes de pollen de cultures oléagineuses comme le canola indiquent que celui-ci mène le plus souvent à un faible niveau de présence adventice. Des distances d'isolation minimales et des zones tampons de cultures différentes permettraient d'atteindre les seuils minimaux requis.

Une compréhension de la biologie de la pollinisation de la plante est nécessaire et les mesures de confinement pourront alors dépendre du trait impliqué.

Ainsi, pour le canola, retirer de 2 à 10 mètres de cultures serait plus efficace pour réduire à moins de 1 % les contaminations que les distances d'isolation.

Pour réduire davantage la présence adventice, le contrôle du flux de gènes par les graines des volontaires est primordial. Les champs de canola ne doivent pas être labourés après la récolte. Ceci permet aux graines de germer à la surface et minimise l'induction d'une dormance secondaire des graines.

La densité de canola volontaire sera élevée l'année suivant la récolte, mais un contrôle des volontaires par d'autres herbicides est possible et efficace. Ainsi, avec le temps, il sera possible de diminuer la banque de graines qui pourrait repousser avec le trait du canola GM.