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Insectes résistants

Les agriculteurs utilisent souvent les mêmes insecticides pour se débarrasser des insectes nuisibles dans leurs champs. Mais l’utilisation croissante et continue des mêmes insecticides peut favoriser l’émergence de populations d’insectes tolérants à ces produits.

En effet, au sein d’une population d’insectes, certains individus peuvent être dotés du gène qui, par hasard, leur procure une résistance à l’insecticide utilisé par l’agriculteur. Lors de l’épandage du produit, ces individus survivent et se multiplient, ce qui favorise l’apparition de populations résistantes et compromet l’efficacité des insecticides.

Dans les champs de plantes GM pour résistantes aux insectes nuisibles, les insectes se retrouvent continuellement en contact avec le même agent toxique sécrété par la plante. Il existe donc un risque potentiel de voir apparaître des populations d’insectes résistants dans les champs d’OGM, une éventualité que les chercheurs examinent de près 1.

InsecteUne variété de maïs-grain transgénique cultivé au Québec porte le nom de maïs Bt. Bt signifie Bacillus thuringiensis, une bactérie présente dans la nature, qui sécrète une protéine toxique pour la pyrale du maïs. Le gène qui permet l’expression de cette protéine (protéine Cry) a été introduit dans le génome de certaines variétés de maïs pour les rendre résistantes à l’insecte ravageur. Cependant, un organisme exposé de façon continue à un agent peut devenir résistant à cet agent. Les populations de pyrales risquent-elles, à long terme, de devenir résistantes à la protéine Bt?

Deux études récentes portant sur la résistance des insectes cibles au Bt relèvent peu ou pas de cas de résistance dans les champs de maïs Bt 2 3. Mais la question mérite d’être plus longuement étudiée. En effet, l’émergence de populations résistantes au Bt ferait perdre toute efficacité non seulement aux plantes Bt, mais aussi aux biopesticides à base de Bt, utilisés notamment en agriculture biologique.

Les pesticides à base de Bt, des produits sélectifs, biodégradables et non toxiques pour les animaux et les humains, devraient alors être remplacés par des pesticides chimiques, plus néfastes pour l’environnement et la santé humaine 4.

Entre 1996 et 2009, l’utilisation du maïs Bt a permis dans cinq états américains (Illinois, Minnesota, Wisconsin, Nebraska et Iowa) de réduire la population de pyrale de 28 à 73% selon les États. Cette diminution de la population de pyrale par le maïs Bt a aussi permis de diminuer la quantité de pyrales dans les champs de maïs conventionnels. 5

Il est toutefois important de continuer la culture de maïs Bt en présence de refuges non Bt afin de limiter l’apparition de résistance chez l’insecte. 5 6

Gérer la résistance

Afin de réduire le risque potentiel de voir émerger des populations résistantes au Bt, le Bureau de la biotechnologie végétale (BBV) de l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) oblige chaque utilisateur de semences Bt à mettre en œuvre un plan de gestion de la résistance des insectes. Ce plan énonce les bonnes pratiques de gestion à suivre pour réduire et retarder le développement de la résistance chez les insectes. Les entreprises qui commercialisent des plantes Bt et les fournisseurs de semences Bt doivent, entre autres, promouvoir la mise en œuvre de ce plan auprès des producteurs, en leur fournissant un guide du producteur Cet hyperlien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre.

La Coalition canadienne contre les ravageurs du maïs Cet hyperlien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre. publie aux 2 ans un rapport sur le respect des zones de refuges par les producteurs de maïs Bt du Manitoba, de l’Ontario et du Québec. Elle a publié, au début de l'année 2020, un rapport sur l’évaluation de la conformité aux plans de gestion de la résistance pour le maïs Bt au Canada pour l’année 2019 7.

Le refuge dans le sac

L’utilisation de refuges est nécessaire aux agriculteurs afin de limiter la pression de sélection sur les insectes sensibles et permettre la viabilité de la technologie à plus long terme.

L’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) approuvait, en 2011, le Genuity® SmartStax® RIB Complete™8, un premier maïs transgénique Bt à contenir un refuge de maïs non-GM intégré dans le sac de semences (RIB : refuge in a bag). Cette autorisation représente une nouvelle option pour les producteurs agricoles qui veulent réaliser un refuge de maïs non-Bt lors de la culture de maïs Bt. En effet, la quantité de semences non-Bt requise pour réaliser 5 % de refuges est déjà intégrée au sac.

Certains avantages ont été avancés par la compagnie qui commercialise le RIB quant à l’utilisation de ce refuge :

  • La solution « dans un seul sac » permet la simplicité et la commodité lors de l’ensemencement en évitant de devoir séparer et structurer une zone refuge précise;
  • Les exigences de réalisation des refuges seront mieux respectées par les producteurs agricoles;
  • La réalisation de 5 % de refuge permet aux producteurs d’avoir une plus grande superficie de maïs Bt à rendement plus élevé.

Selon le rapport de l’automne 2019 7 de la Coalition canadienne contre les ravageurs du maïs Cet hyperlien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre., de 2010 à 2019, le pourcentage de producteurs agricoles qui semaient du maïs Bt est demeuré sensiblement le même, soit 94 % et 93% respectivement Les principaux changements qui se produisent actuellement sur le marché sont l’adoption d’hybrides à caractères combinés ayant de multiples modes d’action et l’adoption rapide des hybrides « refuge dans un sac ». En 2019, les hybrides RIB, présentant des modes d’action multiples, couvrent maintenant 95 % des superficies totales canadiennes de maïs Bt.

La croissance de la popularité des hybrides RIB, qui ont été développés pour répondre à l’exigence de refuge, a permis d’atteindre des niveaux très élevés de conformité aux zones de refuge en 2019 au Canada (95 %).