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Moléculture végétale

Vaccins, médicaments et matériaux divers

Le développement de plantes GM en vue de la production à grande échelle de composés utiles est un sujet de recherche de pointe dans le domaine de la transgénèse végétale. Appelé « moléculture » ou « agriculture moléculaire ». Le terme moléculture vient de la combinaison des mots bien connus molécule et culture. La moléculture est donc la culture de molécules. Ce mode de production vise l'obtention de composés qui pourraient éventuellement être intégrés dans la fabrication de produits pharmaceutiques (vaccins, médicaments, etc.) et de matériaux divers1 2. La moléculture végétale pourrait, entre autres, permettre une réduction importante du coût de production de molécules en comparaison des coûts actuels de production à l'aide des bioréacteurs industriels et la production de molécules dans des conditions sanitaires accrues.

Le tabac, le maïs, la pomme de terre et la luzerne sont parmi les espèces actuellement utilisées aux fins de la recherche en moléculture. Une fois modifiés, ces végétaux seraient capables de produire facilement de nombreuses molécules complexes. Les molécules produites sont le plus souvent des protéines destinées principalement à un usage pharmaceutique3, comme les anticorps et l'interleukine humaine qui agit contre le cancer4 5 6 7 8. D'autres serviront de biomatériaux 9, d'huiles industrielles10 et de plastiques biodégradables11 12 13 14. À court terme, c'est la production d'anticorps qui devrait susciter la plus forte demande15 16.

Au Canada, 11 essais aux champs de plantes destinées à la moléculture ont été effectués en 2002, soit 5 en Alberta, 1 en Colombie-Britannique et 5 au Québec, et ce, uniquement sur du tabac, du carthame et de la luzerne. En 2003, au Canada, 7 essais ont été effectués, tous portant sur du tabac, soit 4 en Ontario et 3 en Alberta. En 2005, 1 seul essai sur du tabac en Ontario. En 2008, 2 essais en Alberta sur du carthame. En 2009 et 2010, 1 seul essai en Ontario sur du tabac pour produire une enzyme commerciale. En 2011, on note 1 essai en Alberta sur du carthame, et en 2012, 3 essais ont été effectués en Ontario sur du tabac.

Pour en apprendre davantage sur ces essais, vous pouvez consulter le site Internet de l'Agence canadienne d'inspection des aliments. Tableau détaillé des essais aux champs en conditions confinées et le Résumé des essais de recherche au champ en conditions confinées Cet hyperlien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre.

Risques associés à la culture de plantes destinées à la moléculture

Comme dans le cas des autres plantes GM, les possibilités de répercussions non désirées sur les écosystèmes doivent être évaluées au cas par cas avant l'obtention d'une approbation aux fins de culture. Ces plantes font également l'objet d'une attention particulière lors de leur évaluation puisqu'elles contiennent des composés non destinés à la consommation humaine, souvent des composés pour usage thérapeutique. Les risques de consommation accidentelle par l'humain17 et par les animaux sont donc évalués par les instances fédérales. Ces risques sont associés, par exemple, aux possibilités de mélange accidentel de produits lors de l'entreposage, ou encore aux risques potentiels de croisement entre ces plantes GM et d'autres plantes.

À cet effet, des recommandations particulières sont adressées au demandeur de l'approbation.

Étude de cas : Un maïs GM destiné à la moléculture aux États-Unis18

Aux États-Unis, une entreprise de biotechnologie a développé des variétés de maïs transgéniques qui produisent des protéines à usage pharmaceutique ou industriel. Elle a déjà commercialisé trois types de protéines et mène des essais aux champs pour tester d'autres types de maïs.

En 2001, l'entreprise a passé des contrats avec un agriculteur du Nebraska et un agriculteur de l'Iowa pour réaliser deux essais autorisés aux champs sur de petites superficies, inférieures à un acre. Les variétés de maïs testées servent à produire un vaccin contre une maladie virale du porc.

L'année suivante, les agriculteurs ont semé du soja à l'emplacement des essais. Des repousses de maïs, issues des graines tombées au sol l'année précédente, ont émergé au milieu des cultures de soja. En septembre 2002, lors d'une inspection de la parcelle située en Iowa, l'Animal and Plant Health Inspection Service (APHIS), l'organisme responsable de protéger et promouvoir la santé agricole américaine, a donné l'ordre d'arracher les repousses de maïs du champ inspecté ainsi que les 155 acres de cultures de maïs avoisinantes, au cas où une pollinisation croisée aurait eu lieu. La récolte du maïs et son incinération ont été supervisées par l'APHIS.

En octobre 2002, l'APHIS a inspecté la parcelle située au Nebraska et y a également trouvé des repousses. L'APHIS a alors ordonné à l'agriculteur d'arracher les repousses, mais le soja avait été récolté avant que la totalité des repousses de maïs n'ait été éliminée. Ces 500 boisseaux de soja contaminé par le maïs de l'entreprise en question ont été mélangés à d'autres récoltes de soja dans un silo de 500 000 boisseaux. Dans les 24 heures qui ont suivi la récolte du soja, l'APHIS a réussi à mettre le silo en quarantaine de manière à empêcher les résidus de maïs de moléculture d'entrer dans la chaîne alimentaire. Les autorités américaines ont accepté que l'entreprise responsable rachète les 500 000 boisseaux de soja, d'une valeur de 2,7 millions $US et qu'elle écoule le tout sous forme de biocarburant. En plus de payer une amende de 250 000 $US, l'entreprise a dû assumer tous les coûts relatifs au nettoyage du silo19.

L'incident a incité l'industrie de la transformation alimentaire américaine, déjà échaudée par le cas du maïs Starlink, en 2000, à réclamer un cadre réglementaire plus contraignant pour l'autorisation des essais aux champs de plantes destinées à la moléculture avec, de préférence, l'utilisation d'espèces à usage non alimentaire afin d'éviter tout risque de consommation accidentelle.

Le 6 mars 2003, le United States Department of Agriculture (USDA) annonçait qu'il n'arrêterait pas les essais aux champs de moléculture végétale. Cependant, l'agence proposait de nouveaux règlements. Par exemple, que les zones tampons entre les plantes destinées à la moléculture et les plantes destinées à l'alimentation passent de 0,8 km (0,5 mille) à 1,6 km (1 mille). Les autres règlements proposés comprennent une augmentation du nombre d'inspections des champs servant à la moléculture, l'interdiction de produire des cultures destinées à l'alimentation au même site l'année suivante et l'utilisation de machinerie agricole ne servant pas dans des champs de cultures destinées à l'alimentation20.

Le Gouvernement du Canada a amorcé un examen de la réglementation relative aux plantes destinées à la moléculture végétale21. Tant que ce processus ne sera pas terminé, les demandes d'approbation seront traitées au cas par cas.

À ce jour, aucune plante destinée à la moléculture n'a été approuvée à des fins de commercialisation au Canada.

Ces plantes ne sont pas destinées à l'alimentation humaine ou animale.