Drapeau du Québec Source d'information sur les OGM

Produits dérivés

La grande majorité des cultures GM sont destinées à l’alimentation animale. Il est toutefois possible de trouver des produits dérivés d’OGM dans notre panier d’épicerie, car les grandes cultures telles que le canola, le maïs et le soja peuvent être GM et utilisées à des fins de transformation alimentaire.

En effet, il est possible que des plantes transgéniques entrent dans la composition de certains produits sous forme d’ingrédients. Par exemple, de la lécithine provenant de soja GM, de l’huile extraite de canola GM, de la fécule de maïs produite à partir de maïs GM, etc.

Les produits dérivés peuvent contenir des traces d’ADN, mais pas nécessairement la protéine ajoutée par la modification génétique.

Par exemple, une huile de canola transgénique tolérant à un herbicide a une composition identique à celle d’une huile extraite d’un canola traditionnel, puisque la protéine ajoutée par modification génétique est éliminée lors de la purification du produit 1 2 3. Il en est de même pour la farine produite à partir de maïs GM, laquelle peut se retrouver dans des biscuits. La majeure partie du matériel génétique de la farine sera détruite lors de la cuisson du biscuit, sinon par notre système digestif.

Un maïs Bt résistant aux insectes est un OGM. Un sirop issu de ce maïs GM est un produit dérivé d’un OGM. Le sirop n’est pas lui-même génétiquement modifié.

Les produits dérivés ne sont pas considérés comme des OGM, puisqu’ils ne peuvent pas se reproduire ou transmettre de matériel génétique.

Il est donc important de faire la distinction entre : une plante GM et un produit dérivé d’une plante GM.

Consommation d’ADN 64 65 66 67 68

Dans la diète normale d’un être humain, il est estimé qu’il consomme entre 0,1 - 1 gramme d’ADN par jour provenant de différents aliments (ex. légumes, fruits…).

L’ADN provenant d’un produit dérivé d’un OGM et qui pourrait être consommé deviendrait énormément dilué dans la quantité d’ADN ingéré par jour. Le pourcentage estimé est de 0,00006% à 0,00009%.

Cette quantité serait encore diminuée par la dégradation de l’ADN lors des procédés de transformations alimentaires.

Rien n’indique jusqu’ici que l’ADN GM diffère des autres ADN présents dans les aliments et que son ingestion implique plus de risques que pour les autres ADN.

L’impact des procédés de transformation alimentaire

Plusieurs procédés différents sont utilisés dans l’industrie de la transformation alimentaire pour nous donner les produits présents sur les tablettes des épiceries. Ces procédés sont par exemple du broyage, de la trituration, du raffinage, de la fermentation, de l’extraction, du chauffage, de la cuisson, etc.

L’ADN a une structure assez résistante de façon naturelle 4. Toutefois, il peut être détruit, dégradé, rendu inutilisable pour la détection ou complètement éliminé des aliments (par exemple par des lavages et des purifications pour enlever des impuretés des produits) 5 6 7 8 9 10. Les protéines sont quant à elles sujettes plus facilement à la dénaturation et à la dégradation par des procédés comme la cuisson 4 11.

La figure suivante illustre sommairement les procédés théoriques de transformation d’un produit dérivé à partir d’une plante transgénique.

Prenons par exemple du maïs ou du soja génétiquement modifié. La semoule, la farine, les concentrés et isolats de protéines ainsi que le gluten peuvent contenir des produits dérivés d’OGM. Les corps gras, l’huile ou la lécithine résultant des procédés de transformation tels que la trituration, le raffinage et les solvants, ne contiennent pas d’ADN, ni de protéines de la plante génétiquement modifiée. Lorsque la farine pouvant contenir des produits dérivés d’OGM est extraite et purifiée pour être transformée en amidon et que celle-ci est hydrolysée, extraite et décolorée pour devenir un agent sucrant tel que la dextrine ou le sirop, ces nouveaux produits ne contiennent pas d’ADN ni de protéines de la plante GM.

Sur les traces des OGM

Actuellement, les méthodes scientifiques de détection peuvent vérifier la présence de certains OGM. Un travail important au niveau international est réalisé depuis le début des années 2000 pour développer des méthodes adéquates pour identifier et quantifier les produits dérivés des OGM dans les aliments 1 8 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 61. Une base de données des méthodes de détection des OGM a d’ailleurs été développée et disponible en ligne pour une utilisation internationale 29.

Les étapes pour la détection des OGM

Les techniques de détection des OGM dans les aliments nécessitent tout d’abord une extraction d’un ADN exempt d’impuretés 30. Ceci n’est pas nécessairement simple, car les échantillons varient de matériel végétal brut (ex. grains et leurs farines) aux aliments transformés (ex. biscuits au chocolat) et hautement raffinés (ex. les huiles). Il y a des composantes dans l’aliment ou le produit qui peuvent nuire à l’efficacité des techniques d’extraction de l’ADN 7 26 30 31 32 33 34.

L’ADN ainsi extrait sera ensuite amplifié (copié en plusieurs exemplaires). Cette étape sera réalisée de façon générale par la technique de « réaction de polymérase en chaîne » (de l’anglais Polymerase Chain Reaction ou PCR 13 15 16 18 20 35. Cette technique précise et sensible permet de confirmer ou non la présence d’un segment d’ADN précis. « Un PCR en temps réel » pourra par la suite calculer la quantité de molécules présentes et nous permettre d’obtenir un pourcentage de présence de dérivés d’OGM dans un produit alimentaire 1 23 24 25 26 27 28 36 37 38 39 40 41 42 74.

D’autres techniques avec des biosenseurs 43 44 45 46 ou des biopuces (« microarrays ») 47 48 49 71 ont aussi été élaborées. Des tests avec des bandelettes colorimétriques dans des kits commerciaux ont été développés pour une détection rapide identifiant « oui/non » sur la présence d’OGM. L’arrivée des nanotechnologies permet aussi le développement de « nanosenseurs » pour détecter les OGM (ex. avec des nanoparticules d’or). 62 63

Il est également possible de compléter la détection de l’ADN de dérivés d’OGM par une détection de la nouvelle protéine ajoutée suite à la modification génétique. Ceci est réalisé le plus souvent par une réaction avec des anticorps « immuno-essai » ou ELISA, immunobuvardage (Western-Blot) 10 73, des approches colorimétriques ou fluorométriques 8 11 50 51 52.

L’évolution des technologies de détection

Depuis la commercialisation des premières plantes GM en 1995, des questionnements ont été soulevés sur le transfert possible d’ADN GM dans les aliments. C’est pourquoi les technologies pour détecter l’ADN GM ont évolué et ont fait l’objet de nombreuses recherches. Voir le résumé ci-dessous.

La figure suivante illustre, à l’aide d’une ligne du temps de 1995 à aujourd’hui, l’évolution des technologies pour détecter l’ADN recombinant et les nombreuses recherches qui y sont attachées

Figure adaptée de Holst-Jensen 2009. 60

... puces à ADN pour détecter les OGM

Des chercheurs turcs ont mis au point des puces a ADN (microarrays) pour détecter en même temps 12 OGM (3 variétés de soja et 9 variétés de maïs) dans des échantillons de cultures et d’aliments. Le système a été en mesure d’identifier spécifiquement chaque variété, et, dans 10 cas sur 12, s’est montré suffisamment sensible pour détecter l’ADN GM à des concentrations inférieures ou égales à 1 % 71.

Les dernières avancées dans le domaine de la détection des OGM tendent à une simplification des méthodes de manière à les rendre plus efficaces pour l’analyse d’un nombre élevé d’échantillons. Voici quelques exemples récents:

Ingrédients fréquents dans les aliments transformés – où peuvent être les dérivés d’OGM ?


Le tableau suivant illustre dans quels produits on peut trouver ou non des dérivés d’OGM. Dans les produits dérivés du canola GM, l’huile et la margarine ne peuvent pas contenir des dérivés d’OGM. Dans les produits dérivés de maïs GM, l’amidon, l’huile, l’édulcorant ou le sucre et le sirop ne peuvent contenir des dérivés d’OGM. Par contre, la farine pourrait en contenir. Dans les produits dérivés du soja GM, l’huile et la lécithine ne peuvent pas contenir de dérivés d’OGM. La protéine de soja et la sauce soja naturelle pourraient en contenir. Dans les produits dérivés de la betterave à sucre GM, la mélasse, le sirop de sucre et le sucre granulé ne peuvent pas contenir de dérivés d’OGM.

… au Canada

Le gouvernement fédéral considère les OGM approuvés comme équivalents aux produits standards et sans danger pour la santé. Par conséquent, il n’existe pas, pour l’instant au Canada, de programme obligatoire de détection et de traçabilité des OGM.

En 2004, l’émission L'épicerie de Radio-Canada et le journal Le Devoir ont fait effectuer des tests pour connaître combien de produits d’un panier d’épicerie d’un consommateur moyen contenaient des OGM. Sur 27 produits analysés, 4 produits contenaient des dérivés d’OGM à un pourcentage variant entre 0,9 % et 5 %; les 23 autres produits n’en contenaient pas ou présentaient des traces.

En 2009, 2 études québécoises réalisées à la demande du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) ont analysé le contenu d’un panier d’épicerie afin de détecter la présence de dérivés d’OGM. Les chercheurs ont étudié une soixantaine d’aliments transformés consommés souvent au Québec (pain, biscuits, craquelins, barres tendres, céréales, farines, croustilles, fécule de maïs, charcuterie, saucisse tofu, saucisses fumées, gâteaux emballés, huiles, sirop maïs, tofu, boisson soja, maïs en grain, papaye, tomate, nourriture pour bébé, etc.). Ce sont les seules études au Canada qui ont vérifié la présence de dérivés d’OGM d’une façon aussi précise.

L’équipe de l’Université Laval a détecté des traces significatives d’OGM dans environ 3 % du panier d’épicerie d’un consommateur québécois 53. Voici quelques résultats de cette étude :

Des dérivés de maïs GM ont été trouvés :

Des dérivés de soja GM ont été trouvés :

Aucun dérivé de canola GM n’a été trouvé dans les aliments.

Aucun dérivé d’OGM n’a été détecté dans les produits très raffinés comme les huiles et le sirop de maïs, dans les produits à base de tomate et dans la papaye et ses produits transformés (jus, papaye en conserve).

Dans cette étude de quantification des OGM dans le panier d'épicerie des Québécois, les aliments normalement produits avec du maïs sucré comme les céréales de maïs en flocons, les céréales de maïs soufflé, les croustilles de maïs, le maïs en grain congelé et le maïs en grain en conserve ne contenaient aucun dérivé d'OGM.

Pour sa part, l’équipe de l’Université Mc Gill a analysé 34 aliments typiquement consommés au Québec 54.

De ce nombre, 2 contenaient des traces d’OGM (soja ou maïs GM). Ces aliments étaient le pain blanc et le mélange à crêpes. Les chercheurs n’ont également pas trouvé d’ADN dans les huiles.

Ces résultats peuvent varier dans le temps, car les lots de produits de base servant à la fabrication des aliments analysés ne sont pas toujours les mêmes. Toutefois, les équipes de chercheurs québécois ont vérifié plusieurs lots des mêmes produits et n’ont pas trouvé de changements importants dans la quantité de dérivés d’OGM. Ceci signifie que l’approvisionnement en matière première est assez constant.

… en Union européenne

Quelques initiatives sur le continent européen ont été réalisées pour réaliser un portrait de la présence de dérivés d’OGM dans le panier d’épicerie. Notons par exemple :

En Italie, cinq différents transgènes (soja Roundup Ready (RR), maïs MON810, Bt176, Bt11 et GA21), ont été tracés par des chercheurs de l’Université de Parme dans 40 produits alimentaires (biscuits, polenta, fettucine, boisson soja, sauce soja, céréales, chips, hamburger soja, etc.) disponibles dans les épiceries et dont l’étiquette standard des ingrédients mentionnait la présence de soja ou de maïs. Seulement 18 % des produits (7 sur 40) avaient des traces de dérivés d’OGM. Ces traces étaient sous la limite de 0,9% nécessaire pour un étiquetage en Union européenne 55.

En Hongrie, le Central Food Research Institute et le National Institute for Food Safety and Nutrition se sont partagés l’analyse de 251 échantillons de produits alimentaires disponibles dans les supermarchés afin de déterminer s’ils contenaient du soja RR. 38% des échantillons analysés contenaient des traces de soja GM, mais seulement 6% de ces produits auraient nécessité un étiquetage en Union européenne, car ils avaient plus de 0,9% d’OGM 56.

… au Brésil

De 2005 à 2007, des chercheurs de l’Université fédérale de Sainte-Catherine au Brésil ont cherché des dérivés de maïs GM MON810 et de 2007 à 2008 des dérivés de soja Roundup Ready (RR) dans des aliments.

La présence de dérivés de maïs GM MON810 a été vérifiée dans 81 produits alimentaires contenant des ingrédients de maïs (farine de maïs, céréales, polenta, etc.) couramment vendus dans les marchés d’alimentation brésiliens. Aucun des aliments évalués ne contenait des dérivés de maïs GM 57.

La présence de dérivés de soja RR a été vérifiée quant à elle dans 59 échantillons de produits alimentaires contenant des ingrédients de soja. Environ 4% des échantillons (6 sur 59) contenaient du soja GM. Cinq de ces échantillons avaient une teneur inférieure à 1% (le seuil légal de tolérance au Brésil pour nécessiter un étiquetage) et 1 échantillon avait une teneur supérieure à 1%. 58.

… en Malaisie

Des chercheurs de l’Université Putra et du Laboratoire national de santé publique de Malaisie ont regardé la présence de soja RR dans 85 échantillons de produits alimentaires vendus dans les marchés d’alimentation. 21 % (18 sur 85) des produits évalués contenaient du soja GM. Ces produits étaient des fèves de soja, du tofu et du tempe (un aliment traditionnel malaisien) 59.

… dérivés d’OGM dans la viande, le lait et les œufs ?

La majorité des OGM sont conçus pour nourrir les animaux d’élevage. Les éleveurs utilisent souvent du maïs et/ou du soja pour la diète de leurs animaux. Ces diètes peuvent contenir des grains GM. Si un humain consomme une viande de ces animaux ou un de leurs produits dérivés, est-ce que cela peut représenter un risque pour la santé humaine?

Des études ont été réalisées afin de connaître les risques associés à la consommation de produits dérivés d’animaux nourris aux OGM. À l’aide de ces résultats, il a été possible de démontrer :

Malgré toute l’évolution des technologies et les limites de détection de plus en plus précises (0.005-0,01%) aucune étude n’arrive à un fort pourcentage d’un panier d’épicerie qui contient des dérivés d’OGM. Une faible quantité des échantillons analysés dans ces études se sont révélés être positifs à la présence d’OGM. Les résultats démontrent, la plupart du temps, une teneur en dérivés d’OGM sous le seuil nécessaire à l’étiquetage européen (0,9%).

Digestion d’un produit dérivé d’OGM

Le processus d’élimination d’un produit GM dans le corps reste le même que pour les aliments traditionnels. Aucune étude ne démontre que des aliments qui contiendraient des dérivés d’OGM se digéreraient différemment que les autres aliments. Si, par exemple, l’assiette d’une personne contient une tomate et une pomme, et que l’individu mange les deux aliments lors du même repas, il se trouve à digérer les gènes des deux plantes en même temps. Le principe est le même si l’individu mange un produit GM.

La faible quantité d’échantillons positifs aux OGM dans les différentes analyses des produits dans les épiceries à travers le monde et le fait que la plupart des échantillons positifs sont présents à l’état de trace (< 0,9%) qui ne nécessiterait pas un étiquetage, on peut conclure que les consommateurs ne sont donc pas exposés continuellement à des ingrédients dérivés d’OGM.

Provenance ou présence ?

Deux philosophies existent lorsque l’on parle d’étiquetage des aliments avec OGM. Certains avancent la provenance de l’ingrédient. Vient-il d’une plante GM ou non? D’autres mentionnent davantage la présence d’ADN ou de protéine GM dans un produit. Ces deux philosophies ne sont pas conciliables. La première sous-entend que les gens veulent savoir s’ils mangent un ingrédient qui provient d’un OGM. La deuxième sous-entend que les gens veulent savoir si, dans ce qu’ils consomment, il reste après les procédés de transformation alimentaire, de l’ADN ou une protéine GM.

Habituellement, les réglementations vont s’appuyer sur des données scientifiques de détection et de traçabilité, alors la deuxième philosophie sera appliquée afin de permettre que l’étiquette soit validée par un seuil de tolérance quantifiable.

Quantification du saumon GM dans les produits alimentaires

La transformation génétique des poissons est principalement orientée vers l’amélioration de la croissance au profit de l’aquaculture. En fait, le saumon de l’Atlantique (Salmo salar) est l’espèce la plus transformée afin qu’elle atteigne des taux de croissance plus élevés. Pour détecter la présence du saumon GM sur les marchés de poissons, des méthodes appropriées sont nécessaires pour que l’authenticité des ingrédients puisse être testée. Un procédé de PCR en temps réel quantitatif a été utilisé dans une étude réalisée par des chercheurs tunisiens72.

Quinze aliments transformés contenant du saumon ont servi d’échantillons pour valider la méthode. Les limites absolues et relatives de détection étaient respectivement de 0,01 % et de 0,01 ng/pl d’ADN génomique. Les résultats démontrent que le procédé de QRT-PCR mis au point est adapté spécifiquement pour l’identification de Salmo salar dans les ingrédients alimentaires à base de gènes de l’hormone de croissance du saumon, GH1. Les procédés utilisés sont destinés à servir de modèle pour que la présence de saumon Aquadvantage® GM soit quantifiée dans les produits de poissons pouvant être commercialisés à l’avenir.