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Études sur la coexistence chez le maïs

Le flux du pollen

Même si le maïs n'est pas la plante la plus propice à réaliser des croisements avec les espèces voisines, elle est une des plus étudiées pour la dispersion du pollen et pour la coexistence.

Voici quelques études de cas sur la coexistence entre le maïs GM et non GM.

L'expérience espagnole de coexistence après 8 ans de culture de maïs GM 1

Les études aux champs effectuées sur la coexistence ont montré que les sources principales de contamination dans la culture de maïs en Espagne étaient :Maïs

  • l'impureté des semences
  • la machinerie pour l'ensemencement et la récolte
  • les résidus de la culture précédente
  • le transfert de pollen et
  • l'entreposage des récoltes.

Comme la première source accidentelle de contamination est la présence d'OGM dans les semences non GM, ils ont décidé d'instaurer un seuil maximal de présence adventice (PA) à 0,5 %, comme suggéré par la Commission européenne.

En simulant des tests de coexistence sur 3 ans avec différentes variétés de maïs GM et de maïs conventionnel ou biologique et en s'assurant que les conditions présentes étaient extrêmes, ils ont vérifié la pollinisation croisée. Voici les résultats obtenus :

  1. Pour une présence de 6 % d'OGM dans la région d'Extremadura, avec l'adoption de mesures nécessaires à une bonne coexistence (ex. parcelles voisines n'ayant pas d'OGM, machinerie agricole pour l'ensemencement et la récolte bien nettoyée), seulement 8 échantillons sur les 192 échantillons de grains non GM récoltés, contenaient du maïs GM. La moyenne du taux de PA était de 0,015 % d'OGM.

  2. Maïs biologique dans la région d'Aragon dans une zone à fort pourcentage d'OGM. Sur 13 zones de cultures non GM où il y avait du maïs GM à proximité, les chercheurs ont identifié des problèmes de coexistence dans 6 zones. Ces zones avaient un fort potentiel à recevoir du transfert de pollen GM, car aucune barrière naturelle ne s'y trouvait, aucune zone tampon et distances d'isolation n'étaient réalisées, l'ensemencement et la croissance des variétés non GM coïncidaient avec celles GM.

    Même dans ces zones à risques, l'analyse des échantillons a donné des taux de contamination variant de 0,05 % à 0,3 %.

  3. Utilisation de maïs GM résistants aux lépidoptères (Bt176 & MON810) et de maïs conventionnel. Des échantillons récoltés dans le champ non GM ont été analysés. Si une distance minimum d'isolation de 50 m entre les cultures GM et non GM était respectée, qu'une zone tampon de 4 rangées de maïs non GM entourait le champ GM, la présence accidentelle d'OGM dans les cultures non GM demeurait inférieure à 0,9 %.

Au cours de tous les essais réalisés dans les régions espagnoles, la contamination accidentelle par pollinisation croisée était influencée par la grosseur du pollen, la superficie de la zone non GM et de celle GM, la direction du vent dominant, la distance de la source de pollen GM, la date d'ensemencement des deux cultures, l'existence de barrières naturelles et de zones tampons. Dès que les zones sans OGM étaient séparées de 15 m des zones avec OGM, les pourcentages de contamination étaient inférieurs à 0,9 %.

Essai en Allemagne : évaluation du facteur vent2

Des essais aux champs sur 3 ans ont été réalisés en Allemagne avec du maïs Bt et du maïs conventionnel.

Ils ont mesuré le flux de gènes en fonction de la distance d'isolation qui pouvait varier entre 24 et 102 m. Dans certains essais, différentes espèces de plantes ont été utilisées pour séparer le maïs GM du maïs non GM (ex. : prairie de trèfles et orge d'été). Dans chaque essai, le maïs source de pollen était planté à l'ouest du champ de maïs récepteur de façon à ce que la direction du vent dominant se dirige vers le champ récepteur.

Les résultats ont démontré que le plus haut taux de transfert de pollen coïncidait durant la floraison du maïs avec un vent constant dans le sens du champ donneur de pollen vers le champ récepteur.

La profondeur du champ non GM récepteur est également importante, car, à la bordure entre un champ GM et non GM, il est possible de trouver un fort pourcentage de contenu GM (10-25 %), mais plus l'échantillonnage est fait profondément dans le champ, plus le pourcentage d'OGM diminue.

Dans l'ensemble, une distance d'isolation de 50 m semble suffisante pour garder le contenu GM dans les champs non GM inférieur au seuil européen de 0,9 %, sauf dans le cas de vent dominant vers les champs non GM.

Pour les champs non GM situés dans un vent dominant, discarter de 3 à 12 m des bordures du champ non GM suffit à réduire significativement le pourcentage de présence adventice.

Coexistence de cultures avec et sans OGM en Suisse3

Une étude réalisée par Agroscope montre que, d'un point de vue scientifique et technique, cette coexistence est possible en Suisse, moyennant des mesures techniques et organisationnelles, un échange d'information et des accords entre producteurs voisins.

Les auteurs sont partis du principe que le pourcentage tolérable d'OGM dans les denrées alimentaires et les fourrages est de 0,9 % et qu'il n'est pas réaliste de ne tolérer aucun mélange avec des OGM.

La structure du paysage joue un rôle important dans la coexistence entre cultures GM et non GM. Le potentiel de coexistence dans l'espace et ses facteurs limitants ont été évalués dans les communes suisses en utilisant le relevé des données des exploitations agricoles et en établissant une classification avec des photos aériennes localisant les cultures de maïs et les autres obstacles (lacs, forêts, zones habitation, etc.). Ils ont calculé la surface nécessaire pour cultiver 10 % d'OGM avec les distances d'isolation de 50 m nécessaires. Les surfaces nécessaires pour cultiver du maïs GM ont été confrontées avec les terres assolées disponibles dans chaque commune en déduisant la surface nécessaire pour 90 % de maïs non GM.

Les résultats des simulations montrent que les surfaces requises pour cultiver du maïs GM en respectant les distances d'isolation de 50 m peuvent être trouvées dans la plupart des communes suisses.

Avec une distance d'isolation de 50 m au maximum, la culture de maïs GM ne devrait pas poser beaucoup de problèmes en Suisse, car les seuils de PA, s'il y a lieu, seraient inférieurs à 0,9 %.

Guide européen des bonnes pratiques de coexistence 4

Un premier guide des bonnes pratiques officielles sur ce sujet est réalisé par le Bureau de la coexistence européen (BCoE) Cet hyperlien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre..

Créé en 2008 pour implanter les conclusions du Conseil de l'agriculture du 22 mai 2006, le BCoE développe des documents de références techniques sur les meilleures pratiques agricoles propres à chaque culture pour atteindre une coexistence adéquate entre GM et non GM.

Un seul groupe technique a été créé jusqu'ici. Il a produit un document sur la coexistence du maïs GM et non GM4.

Le document du BCoE estime que pour un niveau maximal de 0,1 % de contamination, 250 m d'isolation est en moyenne satisfaisante et pour le seuil de 0,9 %, une distance de 50 m serait suffisante.

Pour l'utilisation de zones tampons non récoltées, il est possible de remplacer 2 m de distance d'isolation par 1 m de zone tampon. Ainsi, environ 125 m de zones tampons permettraient d'obtenir un seuil de 0,1 % et 25 m, un seuil de 0,9 %. Ceci est valable pour des champs de 200 m et plus de profondeur.

Dans certains pays méditerranéens et balkans, d'autres mesures sont envisageables comme de cultiver à des périodes différentes le maïs GM et non GM en n'ensemençant pas au même moment.